Les parasomnies

Médecin spécialiste
des troubles du sommeil

Les parasomnies regroupent l’ensemble des troubles paroxystiques, moteurs, verbaux ou psychiques, indésirables, survenant au cours du sommeil, chez des sujets prédisposés, en absence d’altération des processus de régulation veille/sommeil.

On distingue :
- Les parasomnies de la transition veille-sommeil ou sommeil-veille : Rythmies du sommeil, somniloquie,
- Les parasomnies du sommeil lent profond (SLP): Éveils confusionnels (ou ivresses du sommeil), somnambulisme et terreurs nocturnes.
- Les parasomnies du sommeil paradoxal (SP) : Troubles du comportement du sommeil paradoxal (TCSP), cauchemars et paralysies du sommeil
- Les autres parasomnies indépendantes du stade de sommeil: Troubles dissociatifs nocturnes, énurésie, bruxisme, catathrénie (ou gémissements expiratoires), syndrome de la "tête qui explose", hallucinations, troubles du comportement alimentaire du sommeil, parasomnies induites par des drogues.

Les parasomnies doivent être différenciées d’autres phénomènes moteurs paroxystiques qui peuvent être observés au cours du sommeil:

- Mouvements physiologiques : Myoclonies hypnagogiques, changements de posture, contractions musculaires brèves du sommeil paradoxal .
- Mouvements anormaux persistant pendant ou induits par le sommeil : Les mouvements anormaux observés au cours de la veille ont tendance à disparaître au cours du sommeil. Cependant tout mouvement anormal peut persister à un moindre degré pendant le sommeil. Certains mouvements anormaux (mouvements périodiques des membres, myoclonies néonatales bénignes) en revanche apparaissent au cours du sommeil et sont beaucoup plus rares pendant l’éveil.
- Crises épileptiques : Les manifestations motrices paroxystiques sont la conséquence d’une décharge soudaine de groupes de neurones cérébraux. Ces neurones fonctionnent de manière différente en fonction de l’état de l’hypersynchronisation prédominant en sommeil lent et favorise la survenue et la propagation de certaines crises épileptiques.

Les parasomnies du sommeil lent profond

Les rythmies de l’endormissement, appelées également jactatio capitis nocturna (en anglais : head banging), débutent vers l'âge de 6 à 9 mois. Elles s'observent chez le garçon dans 70 à 80% des cas. Elles surviennent principalement avant l’endormissement et peuvent persister jusqu’en sommeil lent léger. Elles sont observées également lorsque l’enfant éveillé s’assoupit ou lors d’éveils nocturnes. Il s’agit de stéréotypies, de mouvements rythmiques touchant la tête et le tronc. Elles peuvent se répéter par épisodes de quelques minutes, selon une fréquence de 0,5 à 2 secondes. Elles s’accompagnent parfois d’émission de sons. Il peut s'agir de mouvements de la tête d'avant en arrière ou de mouvements latéraux de droite à gauche voire même de mouvements de balancement du tronc ou de tout le corps d'avant en arrière. Ces rythmies ont une intensité variable.

Elles surviennent, le plus souvent, chez un enfant au développement psychomoteur normal; leur déclenchement est alors parfois favorisé par une affection intercurrente ou des facteurs psychologiques. Habituellement, les rythmies disparaissent spontanément vers l'âge de 4 ans. Leur persistance chez l'enfant normal devra faire pratiquer un bilan psychologique. Aucun traitement n'est habituellement nécessaire mais il est parfois cependant recommandé de prendre des mesures pour éviter les chocs (rembourrage du lit, matelas sur le sol....) et éviter le bruit souvent angoissant pour les parents généré par les mouvements rythmiques.Chez l'enfant plus âgé et dans les formes intenses, il faut rechercher des problèmes d'ordre affectif et lutter contre l'anxiété. Il est rare que l'on soit amené à prescrire un anxiolytique ou un antidépresseur.En général, aucun examen complémentaire ni aucun traitement ne sont nécessaires.

La somniloquie est retrouvée à tout âge, mais semble plus fréquente chez l’enfant, l’adolescent et l’adulte jeune. Elle est observée aussi bien chez les garçons que chez les filles. Elle survient aussi bien à l’endormissement qu’en sommeil lent ou en sommeil paradoxal. Les patients émettent des sons, des mots ou des phrases entières. Les épisodes durent généralement quelques secondes mais sont parfois prolongés. Une PSG est réalisée dans le cadre du diagnostic différentiel lorsqu’un trouble du comportement en sommeil paradoxal ou une épilepsie (crises partielles ?) sont suspectés.

L’éveil confusionnel ou ivresse du sommeil : Le début est progressif, l’enfant est confus, désorienté, mais non agité, il est assis dans son lit, ne déambule pas, la parole et l’activité mentale sont troublées, parfois les comportements sont stéréotypés. Il n’a pas d’hallucination. L’éveil confusionnel est particulièrement fréquent chez l’enfant (garçons=filles) de moins de 5 ans (si chez l’adulte, évoquer une hypersomnie, un SAHOS). Il survient à la fin de nuit ou d’un cycle ou d’une sieste. Il dure de quelques minutes à 30 min. On retrouve des antécédents familiaux.

Les terreurs nocturnes le début est brutal. L’enfant est assis dans sont lit, il a les yeux ouverts et le regard fixe, il hurle et gesticule. Les propos sont confus, incohérents. Sont associés des signes neuro-végétatifs tels que tachycardie, tachypnée, sueurs, chair de poule, pâleur ou rougeur du visage. Lorsque l'on essaie de toucher ou de calmer l'enfant, celui-ci devient encore plus agité; Il peut se débattre et avoir un "réflexe d'échappement" et alors il se lève et déambule violemment avec risque de blessures. L'épisode est habituellement unique, dure 1 à 20 minutes et l'enfant se rendort spontanément. L’âge de survenue est de 3 à 6 ans. Ce trouble disparaît normalement à la puberté. Il existe une prédominance masculine (garçons>filles) et des antécédents familiaux dans 95% des cas.

Le diagnostic différentiel est: Les cauchemars. Ce sont des rêves effrayants qui réveillent l'enfant, le laissent angoissé et apeuré et qui surviendraient de façon occasionnelle chez 30% des enfants de 5 ans; ils augmentent de fréquence avec l'âge et sont plus fréquents chez les filles. Le cauchemar survient donc, quel que soit l'âge, en deuxième partie de nuit ; il s'accompagne d'un éveil où l'enfant retrouve rapidement une conscience normale et peut raconter ce « mauvais rêve». Ces caractéristiques essentielles permettent de différencier les cauchemars des terreurs nocturnes. Les cauchemars sont favorisés par le stress ou par des facteurs physiques (fièvre ...) Ils accompagnent le développement psychologique normal et les expériences de vie de l'enfant (angoisse de séparation, rivalité fraternelle, pulsions...)

Le somnambulisme : Il s’agit d’une déambulation nocturne inconsciente et récidivante, non stéréotypée. Habituellement, 2 à 3 heures après l'endormissement, l’enfant sort de son lit, se lève et marche dans sa chambre, dans la maison et parfois dehors. Il a les yeux ouverts, le regard vide, il voit l’environnement qui l’entoure mais est toutefois maladroit. Il effectue des activités habituelles ou originales, insolites, mais parfois périlleuses (ouvrir une fenêtre, se pencher, grimper aux arbres...) ce qui peut être dangereux.
Le somnambulisme s'observe surtout chez le garçon (7 fois sur 10) de 7 à 12 ans, de façon occasionnelle chez 15 à 45% des enfants. La durée de l'accès peut varier de quelques minutes à une demi-heure. On décrit en général un seul accès par nuit, rarement 2. Ces accès de somnambulisme disparaissent vers la puberté. Il existe des antécédents familiaux dans 60% des cas.L'adulte peut le reconduire doucement dans son lit tant qu'il n'essaie pas de le réveiller, ce qui est d'ailleurs totalement inutile et risquerait de créer une grande confusion avec agitation et réaction de fuite avec risque de blessures. L'enfant n'en gardera, aucun souvenir.

Les parasomnies au cours du sommeil paradoxal :

Il y a normalement au cours du SP une atonie musculaire. Les parasomnies du SP seraient liées à des dysfonctionnements des circuits responsables de l’atonie musculaire en SP ou de leurs mécanismes de contrôle.
On distingue les troubles comportementaux en SP (TCSP) et les paralysies du SP.

Le trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP) est caractérisé par une activité motrice indésirable survenant en SP en association avec le contenu de l’activité onirique. Il s’agit dans 87% des cas d’hommes âgés de plus de 55 ans chez qui, dans les semaines qui précèdent un épisode de TCSP, on observe une apparition ou une aggravation, en seconde partie de la nuit, d’une somniloquie, de mouvements corporels, mais surtout d’une modifications des rêves, qui deviennent plus nombreux et plus violents, parfois responsables de blessures sur le patient lui même voire sur le partenaire de lit. Il y a donc mise en action d’un rêve particulièrement violent et agressif durant lequel le patient parle, crie, gesticule frappe. Au réveil il pourra se souvenir du rêve et de son caractère violent, mais pas de l’avoir agi. Le diagnostic repose sur la réalisation d’une Audio-vidéo-PSG, où, en plus de l’image et du son, on peut observer que le patient est en REM, avec des épisodes de perte de l’atonie musculaire, (activité tonique à l’EMG)

Les paralysies du sommeil isolées et récurrentes : Paralysie survenant à l’endormissement (hypnagogique) ou au réveil (hypnopompique) telle que, en toute conscience, le patient est incapable d’effectuer le moindre mouvement volontaire hormis les yeux et le diaphragme. L’impossibilité d'appeler, de crier... est extrêmement angoissante et pousse le patient à consulter. Elle dure de quelques secondes à quelques minutes et cède spontanément ou à l’occasion d’une stimulation extérieure.

Les autres parasomnies indépendantes du stade de sommeil

Les Troubles dissociatifs liés au sommeil : Survenue chez des adolescents ou des adultes ayant étés victimes d’abus sexuels, de mise en action de souvenirs de ces scènes traumatisantes, vécues comme des rêves et non comme des souvenirs conscients. Peuvent survenir aussi bien à l’éveil que durant le sommeil et dans ce cas sans rapport avec un stade particulier. On retrouve souvent un terrain avec de lourds antécédents psychiatriques (dépression, TS, automutilations...) De Prédominance féminine,Ces épisodes durent de quelques minutes à quelques heures.

Les catathrénies : Ce sont des gémissements, des grognements, des vocalisations expiratoires survenant dans des périodes d’expiration prolongées, au cours du sommeil et surtout en SP. Les catathrénies peuvent témoigner d’une obstruction fonctionnelle des VAS, notamment en sus-glottique, par apposition des cordes vocales. À l’examen ORL, réalisé éveillé, il n’y a aucune anomalie. Les catathrénies surviennent chez le sujet jeune, un peu plus fréquemment chez l’homme et ne sont responsables d’aucune plainte du patient lui même, mais parfois de celles de l’entourage. Elles sont bénignes.

Le syndrome de la tête qui explose : Sensation désagréable survenant lors de l’endormissement (ou au décours d’un éveil nocturne), d’une explosion sonore, ou d’un flash lumineux dans la tête. Survient le plus souvent chez une femme dans la cinquantaine. Les facteurs déclenchant sont le stress, l’anxiété

L’énurésie : L'énurésie nocturne primaire désigne des mictions involontaires pendant la nuit par un enfant assez âgé pour être propre. L'énurésie est dite primaire lorsque l'enfant n'a jamais contrôlé sa vessie, et secondaire lorsqu'elle survient après au moins six mois de propreté. Les enfants sont qualifiés énurétiques s'ils mouillent régulièrement leur lit (plus de deux fois par semaine) après l'âge de 5 ans pour les filles et de 6 ans pour les garçons.
L'énurésie nocturne primaire est plus fréquente chez les garçons. On la constate chez 10 % à 15 % des enfants de 5 ans, chez 6 % à 8 % de ceux de 8 ans, et elle chute à 1 % à 2 % à 15ans. L'énurésie nocturne primaire devrait être perçue comme une variante du développement du contrôle normal de la vessie. Il importe de rassurer l'enfant, de le soutenir et d'éviter de le punir ou de l'humilier pour qu'il conserve son estime de soi ainsi que de réduire au minimum la frustration des parents. L'énurésie qui persiste après l'âge de huit à dix ans peut s'associer à une mauvaise image de soi-même ou à d'autres problèmes d'ordre psychologique.

Le bruxisme : Il s’agit d’un grincement, d’un crissement répétitif des dents survenant la nuit secondaires à des mouvements des mâchoires liées à des contractions rythmiques des muscles masséters, temporaux et ptérygoïdiens, au cours du sommeil. Les bruits sont souvent secs, grinçants, violents, désagréables. Ils surviennent par épisodes de 5 à 10 sec et se répètent des dizaines à des centaines de fois par nuit. Le bruxisme ne réveille pas le sujet qui est inconscient du trouble. Le bruxisme survient à n’importe quel moment de la nuit, mais surtout en en sommeil lent léger et en sommeil paradoxal. Il survient à tout âge, mais est très fréquent chez l’enfant et l’adulte jeune. Les complications sont dentaires, parodontaires et sur l’articulé dentaire comme sur l’ATM. Il existe des formes légères et des formes sévères. On le retrouve chez l’enfant ou l’adulte sain, (où il peut être déclenché ou favorisé par le stress, l’anxiété et majoré par l’alcool), mais surtout lors des retards mentaux.

Les troubles du comportement alimentaire pendant le sommeil : Il s’agit d’un comportement survenant pendant le sommeil où le patient se lève, et mange ou boit de manière compulsive.

Les hallucinations hypnagogiques : L’état hypnagogique (endormissement) est un état durant lequel la personne est victime de troubles sensoriels. Ces troubles interviennent pendant la phase de l’endormissement, période pendant laquelle le dormeur dispose encore de ses 5 sens. Ces manifestations peuvent être d’autant plus traumatisantes qu’il est difficile de les discerner de la réalité. Il en existe plusieurs types :

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